Dorothée Metta: Développement de projets, Gestion des Ressources Humaines et santé au travail

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Dorothée Metta

« Au quotidien, la TPE-PME est un projet en transformation constante »

Pour Dorothée Metta, les entreprises performantes développeront le lien Modèle économique, Organisation, Compétences et Santé de ses salariés. Accompagnant depuis 25 ans plus de 300 transformations d’entreprise, Dorothée Metta a toujours intégré, dans leurs modèles économiques, les dimensions « Santé Travail ». Sortant du département Santé Travail de l’Université Sainte-Foy Laval au Québec, son parcours se résume en 15 années de conseils et 10 ans de directions opérationnelles. Une expérience unique. Un regard pragmatique.

Pour vous, qu’est-ce que la santé au travail ?

Dorothée Metta : En fonction du point de vue des acteurs (Grands Groupes, TPE PME, Service Interentreprises de Santé au Travail, professionnels de santé, dirigeants ou salariés, responsables HQE ou RSE, etc.) nous aurons des définitions différentes. Dans un contexte de mondialisation, en transformation permanente, je propose de repartir des deux mots : La « Santé » et le « Travail ». Pour moi, et pour reprendre un titre d’un livre de l’ANACT, c’est « comprendre le travail pour mieux le transformer ». Agir avec le SIST, Service Interentreprises de Santé au Travail, comme partenaire, pour conseiller et orienter les transformations du travail en évitant l’altération de la santé du salarié. La santé étant prise au sens de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Pour une entreprise, existet-il une méthode en santé au travail ?

Dorothée Metta : La méthode doit intégrer les 4 finalités : Protéger et cibler la santé par le croisement des données de la visite clinique préventive et de la connaissance des risques, répondre aux obligations de prévention, favoriser le dialogue social pour des améliorations continues, en osant ouvrir le débat au sein des collectifs de travail, maintenir un emploi de qualité qui contribue à la performance de l’entreprise (production, défauts de qualité, remplacements, assurances, dégradation de la motivation et du climat, etc.). Si les deux premiers points sont en partie en place, mener une réflexion collective pour orienter les transformations en intégrant le volet « conditions de réalisation du travail » et évaluer les « impacts santé » d’un projet de modernisation restent faibles.

D’accord… Mais toutes les entreprises ne sont pas en transformation !

Dorothée Metta : Mais si… Parce qu’une entreprise se doit d’être réactive, flexible, à réponses multiples. Pour répondre à la demande, « mouton à cinq pattes », au quotidien, la TPE PME est un projet en transformation constante ! Elle sait, dans les changements constants, intégrer les problématiques de satisfaction clients, d’investissements technologiques, de trésorerie, de développement de compétences etc. Mais nous peinons tous à intégrer la question des situations de travail en transformation. Or, ne pas lier performance et bonne santé est une faiblesse, avec ses coûts économiques, sociaux, humains, etc.

Le législateur parle d’Action en Milieu de Travail. De quoi s’agit-il ?

Dorothée Metta : L’Action en Milieu de Travail est l’une des missions des Services Interentreprises de Santé au Travail (SIST)… Ce service apporte expertise, conseil et orientation. Mais jusqu’où ? Avec quels préalables ? Le dirigeant de TPE a conscience du lien entre performance et santé des salariés, mais il peut manquer de méthodes. Avec d’autres instances, les équipes pluridisciplinaires des Services Interentreprises de Santé au Travail, sous la coordination du médecin du travail, apportent compétences et méthodes, en posture de tiers facilitateur.

N’existent-ils pas d’autres préalables liés à l’entreprise ?

Dorothée Metta : Oui. Bien sûr… cela pose la question de « l’appétence » : avoir envie de santé au travail et de Qualité de Vie au Travail… Comme l’entreprise peut avoir « envie » d’investir dans de nouvelles techniques, ou d’acquérir un nouveau panel de clients ou même de financements complémentaires.

Quels seraient les freins à une telle appétence ?

Dorothée Metta : Tout d’abord, la posture de chacun. Pour beaucoup encore, la santé au travail se résume à la responsabilité de l’employeur pour « une obligation de résultat », versus une affaire de médecin du travail pour « une visite médicale ». Or, l’enjeu est devenu tout autre… Une double démarche, l’un vers l’autre, est nécessaire pour construire ensemble des solutions au sein des situations de travail. Le SIST diagnostique l’état de santé lors du suivi individuel et collectif, mais il doit aussi être en capacité d’informer, de conseiller, voire d’accompagner les transformations des situations travail pour que la « santé au travail » soit effective au sein de l’entreprise.

Mais encore…

Dorothée Metta : Peut-être la crainte d’échanger sur les questions de management, au sens d’organisation. Pourtant, prévenir les risques, améliorer les conditions du travail, prévenir les comportements impactant négativement la santé physique et psychique, renforcer les coopérations et le maintien des marges de manoeuvre etc., tout cela relève du débat collectif au sein de l’entreprise.

Et le temps ? Les ressources ?

Dorothée Metta : Oui. Soyons clair ! Le temps, les ressources resteront toujours une réalité incontournable. Cependant, pour aller au-delà du repérage des risques et construire des plans d’actions, la démarche issue des méthodes résolution de problème est à la portée de tous.

Existe-t-il des leviers en faveur de la santé au travail ?

Dorothée Metta : C’est simple : partir des préoccupations du quotidien pour réaliser des « petits pas » l’un vers l’autre. Par exemple, comment une étude de poste dans un lieu donné pour une personne donnée… peut se développer à l’ensemble des postes. Toujours dans la « politique des petits pas », accepter d’avancer et de progresser sur plusieurs années sans devoir cacher ou nier le reste à faire. Ou encore, dans la future certification du secteur du bâtiment, comment associer les 3 leviers : bâtiment, aménagement des locaux et la question de l’animation des ressources humaines et de la santé au travail ? Pour le SIST, être acteur et conseil des principes de prévention, demande de se situer comme partenaire dans le management. Pour l’entreprise : être en confiance, dialoguer sur les situations réelles, intégrer que les écarts par rapport au travail prescrit sont logiques, à débattre et à comprendre.

Peut-on dire que la santé au travail est affaire de management ?

Dorothée Metta : Le terme management a probablement la même racine latine que ménagement, dérivé de ménager qui signifie disposer, régler avec soin et adresse, précise le Petit Robert. Le terme peut donc rejoindre les préoccupations de la santé au travail, qui visent à « Ménager la santé des salariés en lien avec leur travail ». Manager c’est aussi « Organiser » du complexe, en intégrant des préoccupations diverses : production de biens et de services, communication, marketing, ressources humaines, politique de financement, contrôles… Le terme est tellement galvaudé qu’on oublie l’essentiel ! « Le Que Sais-je ? » de Thiethard (1998) nous rappelle aussi que le management est l’action, l’art ou la manière de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la contrôler et ce, dans tous les domaines.

Donc, l’Action sur le Milieu de Travail concerne le management de l’entreprise ?

Dorothée Metta : Dans leur rôle d’Action en Milieu de Travail, les Services de Santé au Travail peuvent être présents dans les axes et les compétences du manager, afin qu’il intègre les questions de santé au travail et les postures de prévention dans son management.

Que dire du modèle économique ?

Dorothée Metta : Le management est l’art d’utiliser des ressources de telle manière que le produit de sortie soit à plus grande valeur ajoutée qu’au départ (Smith, 2006). Cette définition fait fuir ou crispe plus d’un, dès lors qu’elle a conduit à un modèle économique productiviste (toujours plus de biens et de services avec moins de ressources humaines) et son lot d’impacts négatifs sur l’environnement, l’utilisation des ressources de la planète, le bien-être des salariés (RPS …). L’emploi, comme la santé devient une variable d’ajustement. On ne nie plus les problèmes de santé mais on ne voit pas comment faire autrement ! Nécessité de réduire les effectifs, accélérer les rythmes, répartir les objectifs, courir plusieurs lièvres à la fois et développer polyvalences et poly-compétences.

Ce modèle économique évolue…

Dorothée Metta : On voit apparaître la remise en débat du modèle productiviste au profit d’une performance d’usage. Par exemple : ne plus vouloir vendre plus de voitures mais des solutions de mobilité. La solution propose alors un déplacement bien coordonné : co-voiturage blabla car, application numérique permettant de réserver et d’utiliser rapidement train, métro, « vélib », utilisation de véhicule courte durée, ( Lilas Autopartage …) tout en en diminuant les impacts négatifs (pollution, place de parkings) et en développant confiance et coopération entre les partenaires. Dans ce modèle de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, l’enjeu de santé au travail est pris en compte dans les co-constructions de solutions intégrées durables . . Dans le Nord, plusieurs centaines d’entreprises prennent ce virage en intégrant la volonté d’une plus grande santé au travail (ex. : Club NOE).

Quel conseil donneriez-vous pour avancer en santé au travail ?

Dorothée Metta : D’abord, mesurer les progrès santé au travail. Peu d’entreprises mesurent ces progrès. Les indicateurs d’alerte (absentéisme, plaintes, …), de repère (pénibilité, qualité, turnover, climat social…) et de suivi sont à construire sur la santé au travail comme ils existent pour les finances, les insatisfactions, la non conformité, la qualité, etc. Ensuite, maintenir des temps pour parler du travail, pour trouver les solutions à plusieurs, améliorer les relations, écouter les suggestions… De ce fait, aboutir à des emplois de qualité par le développement des compétences, le respect des équilibres vie privée/ vie professionnelle…. En gérant les idées d’améliorations avec rigueur, on s’aperçoit que près de 80 % des propositions apportent à la fois des améliorations de performance et des améliorations de santé au travail.

Dorothée Metta réunit trois domaines de compétences : Ressources Humaines et GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences), Santé au Travail et Qualité de Vie au Travail, Management de l’Innovation et RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Elle contribue aujourd’hui aux réflexions sur les nouveaux modèles économiques, respectueux de l’humain, notamment l’économie de la fonctionnalité et de la coopération.

FORMATIONS :

o 2010-2011 : POST MASTER, CESAM Innovation Développement Projets Innovants (IAE Lille).
o 1994-1996 : MASTER 2 Organisation du Travail et Développement des Ressources Humaines (Université de Lille I).
o 1988-1989 : Diplôme d’Etat d’Assistante de Service Social (ESSNR de Lille et Université Laval Québec) et DUFAR (Diplôme Universitaire de formation de formateur et de responsabilités de centre de formation – Université de Valenciennes).

CONSULTANTE SENIOR

o ITG Montgomery Conseil – Paris : Evolution des modèles économiques, management de l’innovation, management de proximité et nouvelles formes d’organisation du travail, Santé et Qualité de Vie au Travail, égalité professionnelle Homme-Femme, Handicap et Travail.
o MEDIATIS Conseil – Lille : Développement de Projets, Organisation et Gestion des Ressources Humaines, Développement des compétences.

EXPÉRIENCES DE DIRECTION

o 2008 – 2011 : ARACT Nord-Pas-de-Calais
o Depuis 2013 : METRA 92 avec accompagnement de la fusion de quatre Services de Santé au Travail au Nord- Ouest de Paris pour créer HORIZON SANTE TRAVAIL (9 000 entreprises adhérentes). Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, elle a publié plusieurs guides : « TPE PME : construire le développement des compétences », « MERITE, le travail des seniors », « Management Intergénérationnel ».

(Publié dans le N°41 : Santé au travail: les orientations régionales) le 22/02/2018

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