Grippe 2009-2010

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Philippe Amouyel, Professeur de Santé Publique au CHRU de Lille et Directeur général de l'Institut Pasteur de Lille

Philippe AMOUYEL est professeur de Santé Publique au Centre Hospitalier Régional et Universitaire de Lille. Il est également directeur général de l’Institut Pasteur de Lille. Il a donc le regard de l’épidémiologiste averti, autant que celui du chef d’entreprise.

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E & S : La grippe n’est-elle pas une maladie banale ? Et bénigne ?

PA : Oui, la grippe est banale. Non, elle n’est pas bénigne. Banale parce que, chaque hiver, elle est présente, avec un virus qui se transmet très facilement. Par exemple : par la simple toux dans un rayon de deux mètres. On l’appelle d’ailleurs la grippe « saisonnière ». Et cette grippe saisonnière n’est pas bénigne. Elle cause chaque année, en France, le décès de 1 500 à 2 000 personnes. En outre, la grande majorité des malades sont des actifs, qui se déplacent et travaillent.

Sur l’hiver 2008-2009, 3 302 516 cas de grippes saisonnières ont été recensés, entre le 23 septembre 2008 et le 12 avril 2009. Son impact économique et social est donc considérable. Car, avec une grippe, on est « scotché » au fond de son lit pour quelques jours…

E & S : Que va-t-il se passer cet hiver, avec la fameuse «grippe H1N1 » ? Est-elle plus grave que la grippe habituelle ?

PA : La grippe saisonnière existe toujours. Mais, à côté d’elle, est apparue une nouvelle grippe causée par un nouveau virus, qui est dénommé virus A (H1N1). Et là, c’est l’inconnu. Ce virus est virulent et il se propage vite au sein des populations. La grippe H1N1 se répand donc à travers le monde. Et elle arrive en France. On n’a pas, pour l’instant, de vue précise sur sa gravité, en tant que maladie. Personne n’est donc capable de dire l’étendue des conséquences de cette nouvelle grippe. Face à elle, les précautions sont donc primordiales.

E & S : Ne risque-t-on pas, cet hiver, de faire deux grippes au lieu d’une ?

PA : Oui. Tout à fait. La grippe « saisonnière », comme d’habitude…Et la grippe A (H1N1), car personne n’est protégé contre elle. Et la grippe « saisonnière » n’immunise pas contre la grippe A (H1N1). On a, en quelque sorte, deux fois plus de chances de faire la grippe que les années précédentes.

E & S : Que puis-je faire en tant que simple citoyen face à cette grippe ?

PA : Chacun doit faire ce qu’il devrait déjà faire face à la grippe « saisonnière ». Se laver régulièrement et attentivement les mains avec de l’eau et du savon, ou une solution hydro-alcoolique. Eviter de tousser au visage. Prendre un recul de deux mètres dans une conversation ou une réunion. Utiliser des mouchoirs jetables en papier. La pandémie de grippe A (H1N1) nous rappelle simplement toutes ces règles de base. Elles sont d’actualité chaque hiver… Se faire vacciner vient en complément.

E & S : Justement, pouvez-vous nous éclairer sur les vaccins ?

PA : Rappelons d’abord que la vaccination contre la grippe n’est pas obligatoire. Il y aura, cette année, deux vaccins : l’un contre la grippe saisonnière, l’autre contre la grippe A (H1N1). Comme chaque hiver, le vaccin contre la grippe saisonnière sera disponible dès la fin septembre. Par exemple, au centre de vaccinations de l’Institut Pasteur de Lille, nous assurons d’ores et déjà les vaccinations contre cette grippe « saisonnière », notamment au travers de campagnes de vaccination en entreprises. Le vaccin contre la grippe A (H1N1) sera disponible, lui, vers la fin octobre. L’accès à ce vaccin sera régulé par l’Etat pour garantir la vaccination, en priorité, du personnel de santé, des femmes enceintes et des enfants en bas âge. La vaccination contre la grippe A (H1N1) se fera dans des centres dédiés. L’Institut Pasteur de Lille sera un des ces centres et assurera la vaccination de plus de 3 500 personnes par semaine. Un délai de trois semaines doit être respecté entre la vaccination contre la grippe « saisonnière » et celle contre le virus A (H1N1).

E & S : Que puis-je faire en tant que chef d’entreprise ?

PA : La première chose la plus importante est d’informer. Informer sur le lavage des mains et les règles d’hygiène de base. La deuxième chose est d’avoir à disposition des masques de protection, au cas où la grippe arriverait aux portes de l’entreprise. Bien sûr, la vaccination, qui n’est pas obligatoire, peut être proposée. A chaque entreprise, sa réflexion et son « plan de lutte », concerté avec le personnel et ses représentants. L’entreprise doit également prévoir son plan de continuité de l’activité : aujourd’hui, les conséquences de cette épidémie sont tout autant sanitaires qu’économiques. Enfin, n’oublions pas que les entreprises disposent d’un « conseiller spécial », en la personne de leur médecin du travail.

Les humains, au coeur de la transmission

PA : Le virus de la grippe A(H1N1) 2009 a pour « réservoir » les humains. Hommes, femmes et enfants… sans distinction. Il habite nos voies respiratoires et se balade entre nous par nos postillons et nos mains. D’où l’importance des règles d’hygiène de base, qui prennent donc une importance essentielle, pour freiner la transmission du virus. Chaque humain est au coeur de la prévention. C’est une question de comportement personnel. S’informer et avoir « les bons gestes barrières » deviennent des nécessités de premier plan. La vaccination vient en complément. Elle reste facultative, même si les Pouvoirs Publics, dans de nombreux pays, en font « un des fers de lance de la bataille » contre le virus H1N1.

Une maladie banale, un risque accepté ?

PA : La grippe est une maladie qui nous concerne tous, chaque hiver. Une maladie banale donc, avec son lot d’arrêts de travail. En effet : pas possible de travailler avec de la fièvre, de la fatigue, des courbatures, etc… Mais, cette année, depuis des mois, la grippe occupe la « une des journaux ». Et l’Etat met en place un plan de prévention et de lutte contre la pandémie de grippe A (H1N1) 2009. Ce plan mobilise des ressources
humaines et financières impressionnantes. Car le virus de cette année est nouveau. Il a décidé de voyager à travers le monde entier, en passant d’un humain à l’autre… On parle alors de pandémie. Et le risque de grippe prend une autre dimension. Les chiffres d’absentéisme, de cas bénins et de cas graves deviennent des inconnues. D’une maladie « banale et acceptée », la grippe risque de devenir « une maladie dont personne ne veut »…

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Les entreprises, au coeur de la pandémie

Les entreprises sont directement concernées par la pandémie grippale. En effet, cet hiver, les taux d’absentéisme peuvent atteindre des chiffres « record » pendant quelques semaines. Les hypothèses d’un taux moyen de 25 % pendant 8 à 12 semaines lors de la survenue de la vague épidémique, voire de 40 % sur deux semaines de pointe, ne sont pas à écarter.

La prévention prend alors tout son sens. Autant pour préserver le fonctionnement de la vie économique, que pour maîtriser le risque infectieux. Les Services de Santé au Travail sont présents aux côtés des entreprises, pour les aider à anticiper cette situation de crise potentielle. Dans ce numéro d’Entreprise et Santé, de nombreux témoignages donnent autant de pistes d’actions.

SERVICES EN ACTION !

Santé au Travail Lille (PÔLE SANTÉ TRAVAIL)

Le Pôle Santé Travail met à disposition de ses entreprises adhérentes un livret, pour faciliter la mise en place du Plan de Continuité de l’Activité (PCA), préconisé au plan gouvernemental. Mais pas seulement ! Ce document très complet rappelle la conduite à tenir en cas de personne suspectée d’être infectée par le virus, les principales mesures d’hygiène et de sécurité, les sites internet consultables… Chaque entreprise qui le souhaite peut demander conseil à son médecin du travail pour l’élaboration du PCA ou pour l’organisation d’informations sur les mesures barrières dans l’entreprise.

Santé au Travail Valenciennes (ASTAV)

Le Service de Santé au Travail de Valenciennes a mis en place une cellule de crise, pour parer à l’éventualité d’une pandémie. Par ailleurs, les entreprises ayant des questions peuvent sans aucun souci contacter les employés du Service. Le personnel médical et non-médical a reçu une formation en interne. Ainsi, chaque adhérent trouvera les réponses à ses interrogations le plus rapidement possible. Bruno Figurski, technicien Qualité Hygiène Sécurité Environnement assure en outre des prestations de sensibilisation dans les entreprises (lavages des mains, modes de contamination, port du masque), avec si besoin une Secrétaire Assistante en Santé Travail.

(Publié dans le N°8 : H1N1 : Le travail ) le 15/10/2009

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