Dossier Risques Psychosociaux Les états de mal-être

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On a tous entendu ces propos : « Vous savez, on n’a rien sans difficulté », « Bien-être, malêtre, tout cela, c’est subjectif », « En ce moment, il a beaucoup de problèmes… On ne peut rien lui dire ». Certes, derrière ces trois phrases, il y a du vrai. Un peu de vrai. Mais surtout, ne servent-elles pas d’excuses, pour ne pas avoir à s’occuper de « cela, en plus » ? Ou, plus simplement, ces phrases ne révèlent-elles pas notre difficulté à appréhender le malêtre ? On préfère, peut-être, ne pas le regarder en face. Cependant, l’autruche, avec la tête dans le sable, n’avance pas.

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Depuis de nombreuses années, des médecins du travail nous alertent sur la « souffrance au travail » et le « risque psychosocial ». Depuis près de dix ans, plusieurs Services de Santé au Travail ont même recruté des psychologues pour assister et aider les médecins du travail auprès des entreprises. Des visionnaires ? Sans doute. Car aujourd’hui de grands groupes commandent audits sur audits pour évaluer le risque psychosocial au sein de leurs établissements. Avec ou sans restructurations, la question du mal-être au travail est posée.

Quels que soient l’entreprise, sa taille, son statut, son secteur d’activités, et ses ressources humaines… la notion de mal-être recouvre plusieurs dimensions. Nous en donnons ici quelques unes. Bien sûr, l’épisode passager lié à des circonstances particulières n’a pas le même sens et les mêmes conséquences (individuelles et collectives) que la situation chronique liée à des choix d’organisation de l’entreprise et de modes de direction ou de management.

AGRESSIVITÉ

L’agressivité est un trouble. Le caractère, les gestes, la parole, le regard ou l’attitude révèlent de la brusquerie et de l’hostilité dans la relation à l’autre. Temporaire ou permanente, l’agressivité ne peut pas être bien vécue. Au travail, comme chez soi, l’agressivité est-elle supportable ?

ANXIETE

L’anxiété est un état d’angoisse, ou de malaise psychique, qui relève de la crainte d’une menace réelle ou imaginaire. Si elle peut être variable en fonction de la personnalité de chacun d’entre nous, elle dépend aussi et surtout des circonstances au cours de la vie ou de la journée… Le travail peut être anxiogène. Dans quelles limites, cela est admissible ?

STRESS

Qui n’a pas connu les tremblements et les sueurs, ressenti la rougeur de son visage, l’accélération de son rythme cardiaque, les sueurs liées à des circonstances précises et particulières ? Le stress est une réaction physiologique, biologique et psychologique à un stimulus extérieur, vécu comme nuisible, dangereux ou agréable. On parle même de stress amoureux… Au travail, des circonstances vécues comme agressives et liées à l’entourage ou au milieu, peuvent provoquer du stress. Il y a une phase d’expression du stress, puis une phase d’adaptation, et une phase de récupération. Pour exemple, chez certains sujets le taux de cortisol sanguin peut varier. S’il devient récurrent ou chronique, le stress peut entraîner fatigue, ulcère d’estomac, eczéma, hypertension, etc… Le stress doit donc être analysé autant dans sa signification que dans ses conséquences. Si c’est une réaction physiologique de l’organisme, est-il normal de vivre constamment dans le stress ? Des professionnels au plus près des entreprises Les équipes de Santé au Travail, constituées de médecins du travail, d’assistants en Santé au Travail, d’infirmiers, de toxicologues, d’ergonomes, de statisticiens, de juristes, de psychologues, etc…, sont implantées en centres fixes et mobiles. C’est un véritable maillage du territoire qui est ainsi réalisé. Ces professionnels connaissent jusqu’à l’environnement immédiat de l’entreprise.

SOUFFRANCE

Se dit de l’expression d’une douleur morale ou physique ; en général, on parlera de souffrance au travail pour décrire les états de douleur mentale liée à un exercice professionnel. La souffrance peut aboutir à des états d’usure et d’épuisement. Sur le plan étymologique, travail signifie douleur et souffrance. Est-ce normal ?

VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE

Si la violence physique se comprend aisément, la violence psychologique est moins connue. On peut dire que les deux formes de violence sont du même registre, l’une portant sur le corps et l’autre sur le psychisme ou « les choses de l’esprit ». Le travail doit-il être un lieu de violence ou d’apaisement ? Peut-on investir dans la sérénité ?

HARCELEMENT

Retenons une définition très simple. Harceler, c’est soumettre à des attaques incessantes, des moqueries et des critiques répétées. Le but est de plonger, avec obstination, la personne harcelée dans un état de tourment, de douleur et de fragilité psychique. Le harcèlement est condamnable pénalement, en application du Code du Travail. Sans commentaire.

La facture

Baisse de performance individuelle et collective, perte de qualité, dysfonctionnements, absentéisme. Sans compter le coût des soins… Pour le Bureau International du Travail, le coût du stress représenterait 3 à 4 % du Produit Intérieur Brut. Pour un pays comme la France, cela représenterait 60 milliards d’euros… Une addition à laquelle il vaut mieux ne pas contribuer.

(Publié dans le N°10 : Bien au boulot, bien dans ma vie ?) le 15/05/2010

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