Peut-on « mesurer » le risque psychosocial ?

Partager

Mesurer le niveau d’exposition au bruit d’un atelier, et les conséquences de cette exposition sur l’audition, repose sur des techniques banalisées… qui relèvent de méthodologie et de règles rigoureuses. Evaluer le bien-être ou le mal-être peut sembler plus difficile… Et pourtant, des outils existent. Validés par des chercheurs et des praticiens en entreprise. A utiliser avec rigueur, mais sans modération. Voici quelques pistes.

risque

En mars 2008, Philippe Nasse et Patrick Légeron remettent aux Pouvoirs Publics un rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail. Ils préconisent une enquête nationale et la création d’un indicateur national d’observation des risques psychosociaux. Leur constat de base : il faut rapidement développer des méthodologies et des indicateurs de risque psychosocial, au plus près des entreprises. Encore faut-il que, chacun au sein de son entreprise, ait envie de regarder ces indicateurs.

Des indications, une alerte !

En fait, chaque entreprise a déjà à sa disposition pas mal d’indications sur la situation psychosociale de ses salariés, et de sa direction. L’absentéisme et l’état des relations au travail sont rarement des « secrets d’état ». Tout le monde sait ce qui se passe. Et c’est souvent plus affaire de tabou et de discrétion. Dans le strict respect du secret médical, le médecin du travail, lui, peut apporter le regard d’un expert extérieur et averti. Ses sources : l’expression des salariés au sein du cabinet médical, les examens médicaux, paramédicaux, voire des dosages biologiques. Son rôle : aider l’entreprise à surmonter ses difficultés. L’enjeu : pouvoir échanger sur un constat objectif.

Des indicateurs, un suivi…

Plusieurs équipes de Santé au Travail ont développé, avec des chercheurs, des méthodes robustes permettant d’évaluer et suivre le risque psychosocial. Ces méthodes sont aujourd’hui à disposition des entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Pour avoir la méthode adaptée à son entreprise, le plus simple est de s’adresser à son médecin du travail.

EVREST, quand tu nous guides !

Etabli pour les médecins du travail, et renseigné par eux seuls, EVREST est un observatoire, qui permet d’avoir des données au niveau national et par région, branche d’activité, catégories socioprofessionnelles, voire métiers. Quand un constat est dressé dans une entreprise, cela permet au médecin du travail de la situer par rapport à des références. EVREST, comme EVolutions et RElations en Santé au Travail, est un outil qui peut faciliter les dialogues au sein d’une entreprise, tout en objectivant les évolutions.

Du côté de la recherche

Dans un travail de recherche, portant sur de nombreuses enquêtes et études disponibles en France, le collège d’experts sur les risques psychosociaux nommé à la suite du rapport Nasse-Légeron, identifie 40 indicateurs répartis dans six dimensions. Dans le cadre de ce bref article, arrêtons-nous simplement sur ces six dimensions, car elles parlent d’elles-mêmes : exigences du travail, autonomie et marges de manoeuvre, charge émotionnelle, rapports sociaux et relations de travail, conflits de valeurs, insécurité socio-économique. Ces six dimensions démontrent à la fois ce que recouvre le risque psychosocial et ce qu’il est possible d’observer pour l’évaluer.

Au Québec aussi !

risque

Jetons un coup d’oeil de l’autre côté de l’Atlantique. L’Institut National de Santé Publique du Québec a établi et publié, sous la coordination de Michel Vézina, une grille d’identification des risques psychosociaux au travail. Avec cette grille, plusieurs champs sont explorés : contexte de travail et d’emploi, absentéisme maladie, politique de santé au travail, politique contre le harcèlement et la violence psychologique, activités ou programme de retours au travail, activités ou programme conciliation travail et vie personnelle, reconnaissance au travail, soutien social des supérieurs, soutien social des collègues, latitude décisionnelle, information et communication. Le contexte et les composantes de l’organisation sont ainsi observés, de manière très pragmatique.

(Publié dans le N°10 : Bien au boulot, bien dans ma vie ?) le 15/05/2010

Partager