Mauvais sommeil, mauvaise journée !

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Tous ceux qui ont passé une nuit blanche d’insomnie à compter les étoiles le savent bien : la journée qui va suivre va être dure. Quand le sommeil n’est pas bon, rester vigilant le jour suivant demande beaucoup d’effort. A l’inverse, des troubles de l’attention et de la vigilance le jour, peuvent révéler des troubles du sommeil la nuit. C’est le cas du diagnostic « d’Apnée du sommeil ». Un terme savant pour parler de brèves pauses respiratoires, qui, heureusement, réveillent le patient ! Mais détruisent son sommeil… Lors des visites médicales, les médecins du travail peuvent être amenés à diagnostiquer ce trouble. C’est ce qui est arrivé au docteur Delphine Vandenbosch, médecin du travail à PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord.

Selon différentes sources, 4 à 10 %des adultes seraient concernés par ce trouble du sommeil.

Le sommeil, c’est capital. Un enfant qui dort peu va avoir du mal à suivre à l’école le lendemain. Un enfant qui, régulièrement dort mal, aura, à terme, des difficultés scolaires. Il en est de même pour nos vies d’adulte… et notre boulot. Le sommeil peut être perturbé par l’environnement : bruit, chaleur, etc… Il peut être perturbé par des tensions dans l’entourage et des soucis personnels. Il peut aussi être perturbé par des troubles de notre organisme lui-même.

Vous avez dit « Apnée du sommeil » ?

Selon différentes sources, 4 à 10 % des adultes seraient concernés par ce trouble du sommeil.L’écart de chiffres est lié aux écarts de définition. Ils suffisent à illustrer l’importance en termes de Santé Publique. Le sujet atteint de ce trouble voit sa respiration s’arrêter quelques secondes durant son sommeil. Le sujet fait ce que l’on appelle un « micro-réveil ». Heureusement pour lui. Et tout rentre alors dans l’ordre… Le dormeur ne se rend compte de rien. Parfois, c’est celui ou celle qui dort à côté qui s’en rend compte. Une pause, ça va… Plusieurs pauses, bonjour les ennuis. Car plusieurs pauses, plusieurs nuits de suite, aboutissent à accumuler un sommeil de mauvaise qualité. Et c’est sur des troubles de l’attention et de la vigilance diurne que, très souvent, le diagnostic est suspecté par un médecin.

sommeil

Une découverte de visite médicale

« Au départ, c’est l’interrogatoire du salarié qui m’a mis la puce à l’oreille… Ce n’est pas évident d’y penser, mais plusieurs signes étaient concordants », nous dit le docteur Delphine Vandenbosch, médecin du travail à POLE SANTE TRAVAIL Métropole Nord. « Je pense particulièrement à un cas diagnostiqué en mai 2009, devant un commercial hypertendu et en surpoids. Il me parlait de ses coups de fatigue, de ses difficultés d’attention… et de ses ronflements et des pauses respiratoires signalées par sa conjointe. Devant tous ces signes, j’ai fait le rapprochement. Je l’ai adressé dans un premier temps à notre service de pneumologie. Et le diagnostic a été confirmé ». Aujourd’hui, ce salarié est appareillé, la nuit, durant son sommeil. Il est régulièrement suivi et mène une vie normale. « Devant trois autres cas suspectés en un an, deux d’entre eux ont été confirmés ; il s’agit dans ces deux cas de troubles légers qui ne demandent pas d’appareillage nocturne. Assurant les visites médicales de salariés occupant des postes de sécurité tels que chauffeur Poids Lourds, conducteur d’engins, cela m’amène à être vigilante ».

Un diagnostic précis

Le diagnostic précis est affaire de spécialiste. Il relève d’un enregistrement continu de la respiration pendant le sommeil, dans un centre spécialisé ou à domicile à l’aide d’un enregistreur ambulatoire. Car les critères sont précis. Par exemple, on parlera d’apnée du sommeil avérée si l’enregistrement révèle des interruptions de la respiration d’une durée de 10 secondes au moins, renouvelées cinq fois en une heure. Autour de ce cas précis, de nombreuses variantes existent. A chacun, son enregistrement. L’important est de situer le degré d’altération du sommeil. Et de faire le diagnostic le plus tôt possible. En effet, plus le diagnostic est tardif, plus les conséquences sont lourdes.

Un suivi adapté

Si on laisse évoluer la maladie, le sujet va en subir les conséquences. Il va connaître des troubles de plus en plus fréquents de la vigilance, s’accompagnant de « coups de barre » insurmontables dans un contexte de fatigue chronique. Inutile de dire que la conduite automobile, par exemple, s’en trouve altérée. Mais le sujet, peut aussi être, à son insu, victime d’autres conséquences. Il peut devenir par exemple irritable et avoir des troubles du caractère. Il peut aussi y avoir à terme des conséquences cardiovasculaires. Inutile de dire qu’une fois le diagnostic établi, et le degré de gravité évalué, un suivi s’engage avec la participation du patient. En effet, dans les cas les plus graves, le sujet doit s’endormir avec un appareil qui monte la garde et évite la récurrence des pauses respiratoires. Une vie spéciale la nuit, pour une vie normale le jour.

Des conséquences professionnelles ?

Inutile d’insister. Tout le monde aura compris, au terme de cet article, l’importance d’un diagnostic précoce. Car la question, à terme, de l’aptitude au poste peut se poser. C’est grâce au diagnostic précoce et la prise en charge du patient que la vie professionnelle peut se mener totalement normalement. Dans le secret médical, bien sûr. Et, évidemment, avec la coopération et la participation du patient, pour sa prise en charge. Avec sa confiance et celle de son entourage.

(Publié dans le N°10 : Bien au boulot, bien dans ma vie ?) le 15/05/2010

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