Cellule d’écoute : être présent à des moments critiques de la vie

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Une électrocution mortelle sur les lieux de travail est un évènement brutal, violent et douloureux pour les collègues du chantier. Autre exemple : une rupture d’anévrysme au poste de travail dans une petite entreprise de dentelle de 7 salariés. Malaise, intervention du SAMU, hospitalisation en urgence et, malheureusement, décès le lendemain. Pour les collègues de travail, douleurs, doutes, voire culpabilisation envahissent les pensées. « Ai-je bien fait ? », « Qu’aurai-je pu faire ? », « Qu’aurai-je dû faire ? » sont des phrases entendues lors de débriefing, vécues par les médecins du travail de la Santé au Travail de Calais-Boulogne-Le Touquet (ASTIL 62) et les assistantes sociales du SISE1 (Service d’Ingénierie Sociale des Entreprises). Témoignage.

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Secrétaire général de l’ASTIL 62 depuis janvier 2012, Christophe Géneau rend hommage à ses prédécesseurs : « Alors que la réforme de juillet 2011 demande aux services interentreprises de santé au travail d’intégrer des assistantes sociales, notre service le fait depuis trente ans… ». Elles interviennent à l’appui du médecin du travail, et sur sa demande, pour des aspects qui dépassent la visite médicale : difficulté familiale, situation de surendettement, complications administratives, etc. « Le salarié d’une TPE a alors accès à une assistante sociale, grâce au médecin du travail. Ce qui est moins connu, c’est l’intervention en urgence !».

Être à l’écoute en permanence

Assistante sociale de formation et ayant travaillé dix ans en entreprise, Véronique Dumont est aujourd’hui directrice du SISE. « Le rôle premier d’une assistante sociale est d’être à l’écoute. Au fil des ans, nous avons découvert que l’écoute pouvait avoir lieu en urgence dans des situations dramatiques qui peuvent toucher une entreprise : suicide, accident du travail mortel, accident de trajet, retour d’enterrement d’un collègue décédé de maladie, ou même… braquage ! » On est loin des permanences classiques des assistantes sociales. Mais on est au coeur de la santé des salariés au travail. On est aussi au coeur de la santé des entreprises. « Nous sommes présents à des moments critiques de leur existence » nous dit Christophe Géneau.

Rester dans le champ de la santé au travail

« En plus de leurs missions habituelles, nos assistantes sociales interviennent donc dans le cadre de cellules d’écoute, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ». Véronique Dumont précise : « Devant des évènements graves survenus à l’un d’entre eux, les collègues de travail ont besoin de s’exprimer. Dans le cadre de l’entreprise, seul à seul ou collectivement. Cela permet de prendre du recul et de désamorcer les angoisses. Il peut s’ensuivre, dans un second temps, un accompagnement des salariés qui le souhaitent. Ils sont alors orientés en fonction de leurs demandes et leurs souffrances. Il faut prendre en compte le syndrome de stress post-traumatique.» L’intervention est toujours décidée par le médecin du travail concerné. Avec le développement des équipes de santé au travail, un tandem assistante sociale – psychologue du travail peut être formé. Chacun restant dans son rôle, une réponse complète et adaptée est alors apportée à l’entreprise.

1 SISE : Parc d’affaires – 430 Boulevard du Parc 62903 Coquelles – Tél. : 03 21 85 51 76 Fax : 03 21 85 51 80

(Publié dans le N°20 : La Santé au Travail succède à la Médecine du Travail BIENVENUE !) le 01/10/2012

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