Prévention des risques professionnels liés à l’activité de blanchisserie

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Ce mardi 18 septembre 2012, près de 50 personnes (salariés, cadres, représentants de salariés et responsables d’entreprises) étaient invités au siège de la Santé au Travail de la Somme, à Amiens. Certains gèrent des blanchisseries industrielles. D’autres ont une blanchisserie dans leur établissement (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes ou « EHPAD », Institut Médico- Educatif ou « IME »…etc.). Tous ont une préoccupation : prévenir les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) et réduire le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles, tout en préservant la qualité de service. L’ASMIS, leur service de santé au travail, restitue cet après-midi les résultats d’une étude menée sur le terrain et présente différents outils pour l’évaluation et la prévention des risques professionnels liés à l’activité de blanchisserie.

risques

En accueillant les participants, François Désérable, directeur de l’ASMIS, situe les enjeux : « Aujourd’hui, la loi nous conduit à privilégier la prévention collective plutôt que le dépistage individuel des conséquences sur la santé. Pour cela il faut mettre autour de la table toutes les compétences utiles ». Michaël Knopp, prédécesseur de madame Marie-Pierre Patte (directrice de l’EHPAD Saint- Joseph à Cagny), témoigne : « L’ASMIS a réalisé une observation des situations de travail, en associant le personnel et la direction.Leurs préconisations ont été transmises à notre fournisseur. Concevoir une blanchisserie est complexe. 150 000 € d’investissement sont réalisés, dont 80 000 € de matériels. Le choix du Conseil d’Administration est d’anticiper les exigences à venir : évolution des normes, contraintes environnementales, cloisonnement des circuits du linge sale et du linge propre,traçabilité, qualité du service rendu, conditions de travail, etc. ». Dans cet EHPAD, 42 salariés assurent l’hébergement de 65 résidents. La fonction de lingère apparaît de plus en plus essentielle à la qualité de l’hébergement. Chaque participant est reparti avec un cdrom détaillant les différentes présentations (diaporama, outils d’identification des risques, fiches conseils, fiche métier, offre de formation PRAP adaptée). Un contact par mail est donné pour toute question spécifique : blanchisserie@asmis. net. Ce contact est réservé aux adhérents de l’ASMIS.

Les chiffres sont là !

Le nombre de déclarations de Maladies Professionnelles 57, 97 et 98 augmente d’année en année. Les problématiques de reclassement augmentent. En 2010, selon l’Assurance Maladie, l’indice de fréquence des Accident du Travail est de 53,7 et l’indice de gravité de 33,2 en blanchisserie de gros, pour une moyenne respective de 36 et 23,3 dans les autres activités. Suite à ces accidents du travail, 42 % des lésions concernent le tronc et les membres supérieurs (hors les mains) ; les manutentions manuelles et les masses en mouvement interviennent dans 39 % des cas et les accidents de plain pied dans 31 % des cas. Les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) constituent la première cause de maladie professionnelle déclarée et indemnisée au titre de l’Assurance Maladie. Les cotisations, les indemnisations des absences, le temps de gestion des dossiers et l’aménagement des postes coûtent au total en moyenne 19 000 € par cas ; à cela s’ajoutent l’absentéisme et les pertes de productivité et les aléas de production pour un total qui peut aller jusque 190 000 € par cas… « Mieux vaut prévenir que guérir ! ».

Acquérir de bonnes pratiques

prevention

Images à l’appui (prises de photos en situations réelles de travail), les contraintes au poste et des pistes concrètes d’amélioration sont présentées. A commencer par la tenue recommandée en relation avec les phases de travail (ex. gants ou masque adaptés pour le tri) et les déplacements (ex. chaussures adaptées aux risques de chocs et la nature des sols). L’important est d’associer les utilisateurs dans le choix avant achat. Différents matériels, des aménagements de l’espace et des exemples d’organisations du travail sont ensuite présentés en fonction des différentes phases de travail : réception-tri du linge sale, lavage, séchage, repassage-finition, rangement-expédition. Les questions des produits chimiques, des ambiances thermiques, lumineuses et sonores sont abordées. Chaque étape apporte des solutions appropriées en partant de l’observation du travail réel et de l’expression des salariés. Tout ce qui est présenté est issu de l’expérience accumulée au fil des accompagnements d’entreprises.

Éviter les TMS

Plusieurs facteurs interviennent dans l’apparition des TMS : la situation de travail (posture ; cadence, manutention, environnement, …), les facteurs personnels (âge, sexe, morphologie, …), les déterminants de l’entreprise (organisation, relationnel, …). Les troubles apparaissent quand les sollicitations sont trop élevées par rapport aux possibilités de réalisation du travail. Réfléchir à l’organisation du travail (tâches, activités, équipements et matériels, …), aux relations de travail (améliorer l’écoute et l’esprit d’équipe), à l’environnement (agencement des espaces,…) apporte autant de solutions pour la prévention des TMS.

Évaluer les risques

En application de la loi, l’évaluation des risques est obligatoire pour chaque entreprise. Un Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER) doit être élaboré et des actions de préventions définies en correspondance. Une méthode en trois étapes est présentée, en l’appliquant à un exemple de situation de travail analysée. Elle aboutit à un tableau général permettant une identification des situations dangereuses et des dommages potentiels avec cotation de leur gravité, des mesures de prévention existante, de la probabilité de survenue des dommages et du niveau de leur risque, des mesures de prévention à développer ainsi que du niveau de risque corrigé. Ceci conduit à un tableau de bord qui aide au pilotage d’une politique de prévention dans l’entreprise. L’évaluation des facteurs de pénibilité doit aussi être intégrée.

Se former

Avoir de bonnes postures, de bonnes pratiques de manutentions et de déplacements constitue autant de facteurs d’amélioration. Pour cela, la formation du personnel est essentielle. L’ASMIS propose un module adapté : « Prévention des Risques Physiques dans le secteur blanchisserie ». Sur une durée de 9 heures, par groupe de 6 à 10 salariés, le module permet, à partir d’analyse de situations réelles de travail, d’acquérir des notions théoriques et pratiques pour les risques liés aux manutentions et l’acquisition de gestes et postures adéquates. Le formateur « PRAP » est diplômé par la CARSAT et l’INRS. Une attestation de formation est délivrée à l’issue du stage.

L’équipe projet

Dr Catherine Bédier, médecin du travail, pilote de projet
Alexandre Dedourge, ergonome, pilote de projet
Céline Guelfat, assistante des ergonomes
Dr Léa Goldberg, médecin du travail
Elodie Hamiot, ergonome, pilote de projet
Sokva Prak, chargée de communication
Sandrine Rasch, formatrice PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique)
Laurent Trainaud, conseiller prévention

Grâce aux différentes compétences réunies autour d’un ou plusieurs médecins du travail, plusieurs Services Interentreprises de Santé au Travail ont développés des approches par risques, métiers ou branches professionnelles :

L’ASMIS (Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme):

• Objectivation de la pénibilité au poste d’aide soignant à domicile : prévenir les risques physiques et psychosociaux au poste d’aides soignantes à domicile
• Lingerie / blanchisserie
EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes)
• Poste de plonge
• Prévenir les Troubles Musculo-Squelettiques chez les maçons
• Guide des bonnes pratiques : Structures d’accueil collectif de la petite enfance
• Fleuriste
• Gardiens et employés d’immeuble
• Personnel d’entretien
• Boulangerie, pâtisserie
• Associations sportives
• Garage – entretien et réparation automobile
• Menuiserie
• Campagne d’information sur la radioprotection pour la radiologie conventionnelle médicale, dentaire et vétérinaire
• Coiffeurs
• Restauration collective.

AST 62-59 (Association de Santé au Travail 62-59):

• Le groupe pressing
• Le groupe chauffeurs poids lourds

ASTAV (Association de Santé au Travail de l’Arrondissement de Valenciennes):

• Les employés de pressings
• Les soudeurs
• Le risque routier : le simulateur de conduite

ASTIL 62 (Association Santé Travail Interentreprises du Littoral):

• La filière halieutique
• Les garages

MTA (Médecine du Travail de l’Aisne):

• Les boulangers / pâtissiers
• Les vendeurs
• Les garages
• Les centres de contrôles techniques automobiles
• Les gardiens d’immeuble
• Les risques routiers
• Projet en cours : les entreprises soumises au rayonnement ionisant (vétérinaires, radiologistes,…).

PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord :

• Santé des salariés dans l’hôtellerie, la restauration et les bars-discothèques, et en particulier les moins de 26 ans (www.chodevant.fr )
• Peintres en bâtiment (www.colorisk.fr)
• Prévention des risques professionnels (dont CMR) liés aux métiers du bois, de l’apprentissage à l’entreprise
• Participation au projet régional Garage Prévention Santé

(Publié dans le N°20 : La Santé au Travail succède à la Médecine du Travail BIENVENUE !) le 01/10/2012

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