L’intervention du toxicologue en santé au travail

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ASMIS et risque chimique

Les produits chimiques sont partout. Parmi tous ces produits, il faut repérer les ACD (Agents Chimiques Dangereux), que l’on soit dans une petite ou une grande entreprise.  De la réception au stockage, de l’utilisation à l’élimination, il faut maîtriser le risque. Mais le risque chimique est souvent méconnu, invisible et sans odeur ! Il faut donc pouvoir consulter un spécialiste : le toxicologue. Service de santé au travail de la Somme, l’ASMIS met à disposition de ses 10 000 entreprises adhérentes des prestations d’étude et de conseils face au risque chimique, grâce à Vincent Aubert, toxicologue.

Vincent Aubert, toxicologue

Docteur en Chimie moléculaire, Vincent Aubert débute sa carrière par la Recherche et le Développement, comme chargé de projet en chimie, en électronique moléculaire ainsi qu'en peinture. Puis il est responsable "substances chimiques" dans le secteur automobile : conformité à la réglementation, maîtrise du risque, formation-information des salariés. Il rejoint l'ASMIS en 2019, comme toxicologue.

Dans quelles entreprises intervenez-vous ?

J’interviens auprès des entreprises adhérentes de l’ASMIS. De toute taille et de toute activité. 80 % de mes interventions concerne des industries manufacturières, des entreprises de construction et des entreprises ayant des activités spécifiques et techniques. 30 % sont des entreprises de 6 à 49 salariés, 30 % de 50 à 200 salariés,
30 % au-delà de 200 salariés.

Pour quelles prestations ?

J’apporte des prestations de conseils pour la maîtrise du risque chimique, en liaison étroite avec le médecin du travail qui suit l’entreprise. Je peux faire un état des lieux à distance comme une analyse des Fiches de Données de Sécurité, grâce notamment au logiciel Toxilist, application collaborative unique partagée entre plusieurs services de santé au travail en France. Ceci permet un « diagnostic théorique », qui identifie les risques et dangers intrinsèques aux produits et substances entrant dans l’entreprise. Je peux aider à une « action de prévention sur place ». Je me rends alors dans l’entreprise pour analyser et évaluer une ou plusieurs situation(s) de travail. Ceci permet d’initier ou de compléter des actions de prévention, grâce à des préconisations adaptées au risque. Les deux approches sont hautement complémentaires.

Vos procédures sont-elles standardisées ? Comment aider l’entreprise ?

Oui, au niveau de la procédure globale pour respecter la rigueur scientifique dans le diagnostic d’une situation.  Par contre, le dialogue et l’accompagnement sont toujours personnalisés. Chaque entreprise est différente. Je m’adapte à chacune, en fonction de sa taille, de son organisation, de sa culture « prévention » et… de ses moyens. Pour les entreprises de moins de 50 salariés, il nous arrive de l’orienter vers les aides financières de la Carsat. Dans une grande entreprise, nous apportons une expertise et un regard neuf, complémentaire de ses ressources propres. La restitution des résultats est toujours un moment primordial. Il ouvre des perspectives de solutions, le cas échéant.

DSSP Contoire-Hamel

De la vue d’ensemble… à l’approche terrain !

Spécialisé dans l’emballage carton, de la fabrication au recyclage, DS Smith est un groupe présent dans plus de 30 pays.  Son activité est stratégique pour l’avenir de nos sociétés, au moment où l’emballage papier et carton devient un substitut obligé des plastiques, dans un enjeu de développement durable. Sur le site de Contoire-Hamel, près de Montdidier, 245 salariés recyclent des vieux papiers pour en faire du carton ondulé. Celui-ci est alors façonné en différents emballages destinés à l’agro-alimentaire. Le partenariat avec l’ASMIS permet une évaluation précise et partagée du risque chimique.

Elodie Declercq est responsable Sécurité/Hygiène/Environnement pour DS Smith Packaging à Contoire-Hamel : « Notre médecin du travail de l’ASMIS, le Dr Valérie Piedecoq, nous a proposé un point sur la gestion du risque chimique, grâce à l’expertise et l’intervention de son collègue Vincent Aubert, toxicologue. Dans un premier temps, nous avons réalisé une analyse de toutes les Fiches de données de sécurité. Cela nous a donné une vue d’ensemble exhaustive.  Avec deux points de vigilance : l’absence de caractérisation en CMR d’une substance entrant dans la composition d’un produit, l’existence de valeurs limites d’exposition pour d’autres substances. Dans un deuxième temps, nous réalisons ensemble des visites des différents secteurs de l’entreprise.  Nous avons ainsi réalisé une « approche terrain » au niveau de l'atelier d'impression, où nous utilisons déjà des encres aqueuses répondant aux dernières normes. Nous sommes attentifs aux conditions réelles d’utilisation des produits et la parfaite adéquation des moyens de protection. Toutes ces démarches et ces études font l’objet de restitution en CSE, dans le cadre du dialogue social. Actions de prévention « à la source »,  information et formation du personnel sont des priorités que nous mettons en œuvre dans le cadre de ce partenariat privilégié avec l’ASMIS ».

Picardie Chrome dur

L’expertise du toxicologue : pour les TPE aussi !

Implantée à Camon, près d’Amiens, Picardie Chrome Dur est spécialisée en traitement de surfaces mécaniques et hydrauliques, chromage dur et polissage, rectification cylindrique. Elle travaille sur pièce neuve ou en réparation pour l’hydraulique, l’imprimerie, les travaux publics, les machines-outils, la mécanique générale, et les secteurs auto-moto. La protection de la santé de ses six salariés, et de l’environnement, est au cœur de préoccupations quotidiennes d’Etienne Henrion, gérant. Le Dr Christine Meulebrouck, médecin du travail à l’ASMIS, assure le suivi médical renforcé des salariés ; son collègue Vincent Aubert, toxicologue à l’ASMIS, conseille Etienne Henrion, pour la maîtrise du risque à la source.

Etienne Henrion a repris Picardie Chrome Dur en 2008. Que de chemin parcouru en 13 ans ! « Grâce à des investissements permanents, j’ai revu toute l’organisation de la société, ainsi que ses processus de fabrication. Nous travaillons avec de nombreuses contraintes : sanitaires, environnementales, économiques. Avec des normes et des règlementations qui évoluent sans cesse...  Et nous restons à la pointe de la protection de la santé et de l’environnement. Par exemple, nous ne sommes que deux ou trois en France à avoir une tour de lavage avec variation des aspirations. Avec Vincent Aubert, nous sommes en dialogue permanent. Ses compétences de toxicologue nous sont très précieuses. Nous faisons régulièrement le point sur les équipements de protection individuelles. Nous surveillons, en collaboration avec la Carsat, les niveaux atmosphériques de différentes substances, en situation réelle de travail. Nous échangeons sur les choix de process, notamment au niveau des bains de trempage. Nous réfléchissons ensemble sur les dispositifs de filtration et d’aspiration. Maintenir en vie une entreprise comme la mienne, essentielle pour de nombreux secteurs d’activité, c’est répondre en permanence à toutes ces préoccupations de santé, tout en préservant nos clients ».

(Publié dans le N°54 : Mes risques, je les maîtrise !) le 16/04/2021

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