Entretien avec le Pr Paul Frimat: VERS UNE PHOTOGRAPHIE DES RISQUES ET DE LEUR PRÉVENTIONPAR MÉTIERS ET TERRITOIRES

Partager

Auteur d’un rapport(1) sur le risque chimique, qui a fait date en 2018, le Pr Paul Frimat a immédiatement soutenu la démarche initiée la même année par huit services de prévention et de santé au travail des Hauts-de-France (SPSTI). Professeur de médecine, pathologies professionnelles et santé au travail à l'université de Lille et président de l’Institut de santé au travail du Nord de la France, il nous apporte son éclairage.

EN QUOI LA DÉMARCHE DES SPSTI EST-ELLE IMPORTANTE ?

En 2018, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, me demande un rapport sur le risque chimique, qui puisse traduire la réalité des TPE-PME, face notamment aux substances et produits cancérogènes. La même année, Hervé Morel, directeur du SIM’UP, et Christophe Géneau, directeur de l’ASTIL, souhaitent initier une démarche collective, pour la mise en place d’indicateurs de prévention pour les TPE et PME. Six autres services de prévention et de santé au travail, de toutes tailles, les rejoignent. Cette démarche devient originale et majeure pour la santé au travail dans les Hauts-de-France.

COMMENT S’EST-ELLE DÉVELOPPÉE ?

L’Institut de santé au travail du Nord de la France a assuré l’animation et la coordination avec Mireille Surquin, responsable de projet. Dès 2019, un groupe de travail des directeurs a assuré le pilotage général, et un groupe de travail médicotechnique (médecins du travail, infirmière et assistante de santé au travail, intervenant en prévention des risques professionnels) a assuré sa conception et sa réalisation. Cette méthodologie a bénéficié de l’expertise scientifique et technique de l’Université de Lille et de la Carsat. En 2020, le confinement a freiné la démarche. De ce fait, en 2021, nous n’avons pas atteint le nombre d’entreprises suffisant, notamment avec les instituts de soins de beauté, pour avoir une réelle robustesse scientifique. Mais les résultats constituent une " photographie " de la situation.

C’EST DONC UNE DÉMARCHE COLLECTIVE…

Parfaitement ! Et c’est le " groupe " qui a décidé d’évaluer le risque chimique et sa prévention auprès des coiffeurs, des instituts de soins de beauté. L’enjeu général est de monter en compétence sur l’évaluation des risques et de leur prévention en TPE et PME.

LE RISQUE CANCÉROGÈNE APPARAIT PRÉSENT DANS PEU D’ENTREPRISES…

Effectivement… Le risque cancérogène apparaît présent dans peu d’entreprises. Il faut donc aller vers elles ! Elles utilisent des produits cancérogènes alors que d’autres ne les utilisent pas ! L’enjeu majeur des indicateurs collectifs est de pouvoir toujours mieux aider les entreprises pour une suppression du risque à la source.

ET À PRÉSENT ?

En 2018, cette démarche était initiatique. La loi du 2 août 2021 donne explicitement la mission aux services de prévention et de santé au travail d’aider les entreprises dans l’évaluation des risques professionnels. Le risque chimique, notamment cancérogène, reste d’une cruciale actualité. Nul doute que cette démarche préfigure un mode d’accompagnement par métiers, voire par branches professionnelles.

1 - « Mission relative à la prévention et à la prise en compte de l’exposition des travailleurs aux agents chimiques dangereux », réalisée avec la Direction générale du travail (ministère du Travail) et la direction de la Sécurité sociale (ministère de la Santé). Rapport remis à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le 29 août 2018.

(Publié dans le N°58 : TPE-PME : la santé au travail comme facteur de croissance !) le 10/05/2022

Partager