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Nocibé

Du diagnostic partagé au plan d’actions !

Entreprise « retail parfum cosmétique », Nocibé a son siège social à Villeneuve d’Ascq, près de Lille. Sur l’agglomération lilloise,l’enseigne regroupe 17 magasins, très différents les uns des autres. Une évaluation des risques professionnels de chaque magasin et un diagnostic collectif et anonyme en santé au travail ont été réalisés par PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord en 2020. À partir de ce diagnostic ciconstancié, Nocibé développe un Plan de Prévention. Une démarche exemplaire au niveau national, pour le groupe Douglas, auquel appartient Nocibé depuis 2014.

« Nos magasins sont très différents », explique Guillaume Delquignie, responsable prévention sécurité Nocibé. « En France, DOM TOM inclus, nous avons 443 magasins en nom propre et 120 en franchise. 50 % des magasins ont un institut de beauté intégré. Petits ou grands, ils sont situés en centre ville ou en centres commerciaux. Un magasin compte en moyenne 7 à 10 salariés. Les risques professionnels et les situations de travail peuvent différer d’un magasin à un autre ». Au niveau national, le réseau Nocibé compte 3 350 collaborateurs.

Évaluation des risques + Données de santé = Diagnostic global !

« À Lille, nous sommes en dialogue permanent avec PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métopole Nord, le service de prévention et de santé au travail interentreprises auquel nous adhérons. Leurs équipes de santé au travail suivent individuellement chaque salarié, dans le strict respect du secret médical. Ces équipes disposent de données de santé qui peuvent être anonymisées dans une analyse collective. On peut donc disposer d’une vision globale et partagée sur la santé au travail de l’ensemble des salariés », explique Guillaume Delquignie. « Mais on peut aller beaucoup plus loin ! », précise-t-il avec passion. « En effet, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord a de nombreux experts techniques et scientifiques. Nous leur avons ouvert les portes des 17 magasins de la métropole… Ces experts (médecins du travail, ergonomes, toxicologues, psychologues) ont alors réalisé des interviews auprès de 60 salariés et une évaluation des risques circonstanciée, pour tous les métiers du réseau, tous les lieux et les situations de travail les plus à risques. Les données de santé associées aux données techniques et scientifiques d’évaluation des risques en situation réelle de travail nous permettent de mieux objectiver et cerner nos enjeux en termes de prévention et santé au travail ».

Un « Plan sécurité et santé au travail » : 15 engagements sur 2 ans

Aujourd’hui, Guillaume Delquignie est toujours en relation avec les équipes pluridisciplinaires de PÔLE SANTÉ TRAVAIL. Elles l’accompagnent régulièrement dans la mise en oeuvre et le suivi d’un Plan de prévention et de santé au travail. « Ce plan résulte directement du diagnostic complet des risques professionnels réalisé par PÔLE SANTÉ TRAVAIL. Après une année de travail de leur part, nous avons bénéficié d’une restitution complète dans leurs locaux. Nous y avons agrégé nos données et informations. Par exemple : absentéisme, accidents du travail, maladies professionnelles indemnisées, connaissance de nos métiers et de leurs contraintes, etc. ». Guillaume Delquignie précise : « Aujourd’hui, 33 % de nos engagements sont mis en oeuvre. Ils sont très variés : organisation du travail, relations avec le management, espaces de travail et aménagements ergonomiques, prévention des TMS face aux manutentions manuelles, prévention du risque chimique, lutte contre les actes d’incivilité, etc. ».

Le dialogue permanent : une richesse essentielle !

« Il est important de structurer : c’est la vocation du Plan. Il est capital de partager : c’est le rôle du dialogue. En externe, nous faisons un point tous les 6 mois environ avec les experts de PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord. En interne, avec le CSE d’une part, les responsables de magasins, le management opérationnel et les salariés d’autre part. Le Plan sécurité et santé au travail comprend trois axes majeurs : la veille et le respect de la réglementation, le support au management opérationnel, le suivi des situations de travail ». Des exemples très concrets viennent à l’appui de ces propos : l’accompagnement de chaque magasin dans la mise à jour de leurs DU respectifs, grâce à un « logiciel pro », adapté au Groupe Nocibé. Cela monte en compétence les responsables de magasin, en leur économisant du temps. Cela facilite la remontée et la descente d’informations. Face aux incivilités croissantes en magasin (vols ou agressions), une formation et un accompagement des équipes sont mis en place et se développpent. « En prévention et santé au travail, on n’arrête jamais ! », conclut Guillaume Delquignie.

 

Dr Doise, médecin du travail, diplômé en toxicologie, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord

L’épidémiologie de terrain

L’approche personnalisée des 17 magasins Nocibé résulte de la collabotation de 17 médecins du travail et de leurs équipes. Ce fut un conséquent travail d’équipe au service de cette entreprise adhérente. Nous avons réussi à mettre en commun les données de santé collectées au cours des visites de près de 205 salariés, dans le strict respect du secret médical et de l’anonymat de chacun. C’est une "épidémiologie de terrain". Les données spécifiques du réseau Nocibé ont fait l’objet de comparaisons scientifiques et objectives avec des référentiels nationaux. Sur différents critères de santé au travail, le réseau Nocibé pouvait donc se situer. La restitution de notre étude, dans nos locaux, a permis des échanges fructueux avec l’entreprise et de définir des objectifs d’améliorations. Mais l’étude ne s’est pas limitée à l’épidémiologie. Elle a aussi inclus une évaluation des risques professionnels par observation en situation réelle de travail au sein de chaque magasin.

Linda Jeeawock, ergonome, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord

Ergonomie et leviers d’amélioration

L’intérêt majeur de la démarche au service de cette entreprise adhérente est d’associer ergonomie, épidémiologie et toxicologie. En tant qu’ergonome, j’ai réalisé au sein des différents magasins plus de 50 entretiens et 25 phases d’observations en situation réelle de travail. Plusieurs déterminants du travail ont été évoqués : la charge de travail, la gestion des plannings, les effectifs, les surfaces commerciales/non commerciales, la conception du mobilier, l’exposition aux vols et incivilités, les manutentions, la reconnaissance…Les observations et entretiens ont permis d’objectiver la dimension physique mais également organisationnelle et psychosociale, en fonction des différents métiers. L’étude a mené à divers leviers d’améliorations liés à l’alternance des tâches, la gestion des absences, les règles d’approvisionnement logistique, les temps de formations… Suite à notre intervention, l’entreprise nous a présenté son plan d’action basé sur nos préconisations.

Eleonora Fornaciari, toxicologue industriel, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord.

Prévention du risque chimique

Comme ma collègue Linda, j’ai commencé par une observation du travail réél, notamment dans les magasins avec institut de beauté intégré. Sur la base des entretiens avec les esthéticiennes et l’observation des espaces, des gestes et de la manipulation des produits, j’ai pu recenser les équipements de protection collective (ventilation générale) et individuelle déjà en place, et aussi identifier les tâches les plus exposantes aux produits chimiques. Bien sûr, cela passe aussi par l’identification des substances dangereuses dans les produits, et par l’analyse des procédés habituels pour les salariées. Le plan de prévention proposé a permis d’éliminer ou substituer des produits à risque et d’améliorer certaines pratiques de travail.

(Publié dans le N°62 : Les Rencontres Santé-Travail 2023) le 18/04/2023

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