Témoignages

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CMD Gears

Industrie : le télétravail aussi ?

La crise de la Covid a créé des cohortes de télétravailleurs improvisés, quel que soit le secteur d’activité. Lors de " l’après-Covid ", le retour au travail en entreprise doit intégrer une demande forte et récurrente de poursuivre ce télétravail. On entre alors dans un télétravail choisi et organisé, en fonction des protocoles ou chartes négociés au sein de chaque entreprise. Même l’industrie est concernée. Pourtant, un salarié qui est en atelier de production ne peut pas télétravailler. Témoignage de Sophie Chartier, directrice des ressources humaines à CMD Gears, et du Dr Corinne Croguennoc, médecin en santé au travail chez l’AISMT.

Reconnu au niveau internationnal, CMD Gears est un expert en transmission à fort couple et basse vitesse. Réalisant du " sur mesure " pour l’énergie, la métallurgie, l’industrie sucrière, l’industrie cimentière, l’extraction minière et l’industrie du caoutchouc, CMD Gears est capable de concevoir et produire des engrennages de plusieurs mètres de diamètre… au micron près ! Ce savoir-faire repose sur des bureaux d’études et des ateliers de fabrication de hauts niveaux sur deux sites de production : Cambrai (300 collaborateurs) et Fourchambault (80 collaborateurs). Sans compter les commerciaux répartis dans plusieurs agences. Vis-à-vis du télétravail, il y a clairement un " avant " et un " après " Covid.

« Nous avons opté pour deux jours de télétravail par semaine, dans les secteurs et métiers pour lesquels le télétravail est possible »

Sophie Chartier, directrice des ressources humaines, CMD Gears

« Lors de la crise sanitaire, nous avons connu un télétravail à 100 %. Cela a créé un isolement important de chacun, vis-à-vis de l’entreprise. A la sortie de la crise de la Covid, il s’agissait de reprendre le présentiel. Lors de ce retour au travail en entreprise, nous avons passé un accord QVT : Qualité de vie au travail. Cet accord d’entreprise nous a permis de progresser dans la mise en place du télétravail, de l’organiser, de le rendre accessible et de le démultiplier, tout en accompagnant au changement. Car il s’agit d’un changement profond de l’organisation et du fonctionnement de l’entreprise. Nous avons opté pour deux jours de télétravail par semaine, dans les secteurs ou métiers pour lesquels le télétravail est possible. Et, pour nous, le " zéro présentiel " n’est pas possible. Il faut accompagner les managers, car le fonctionnement de l’équipe est bouleversé par le télétravail. Il faut repenser nos modes de fonctionnement en interne. Nous avons des ateliers de production, en 3x8 continu, au sein desquels le télétravail est impossible. Le télétravail s’est surtout développé pour le bureau d’études, le travail administratif et les commerciaux. Pour le bureau d’études, des contacts directs en ateliers sont incontournables et nécessaires : les ingénieurs et techniciens doivent échanger sur place avec les agents de production.

Il y a clairement l’avant et l’après Covid. Lors de la crise sanitaire nous avons bénéficié d’un précieux partenariat de la part de l’AISMT, notre service de prévention et de santé au travail. Ce partenariat persiste. Certains salariés doivent être suivis ou accompagnés sur le plan de leur santé, avec ou sans télétravail. Par ailleurs, nous conseillons, avec l’AISMT, les salariés sur l’aménagement de leur poste de travail au domicile. Enfin, sur un plan général, l’entreprise doit rester protectrice vis-à-vis de ses salariés. Nous préservons l’employabilité du salarié tout au long de sa vie professionnelle.

Actuellement , l’accord est en cours de renouvellement. Deux ans après, les acquis sont là. Il y a une réelle attente de flexibilité au sein des équipes. La cohésion des équipes reste une priorité nécessaire à l’entreprise. »

 

« Le télétravail peut générer un isolement, néfaste tant pour le salarié que l'équipe »

Dr Corinne Croguennoc, médecin de santé au travail, AISMT

« C’est une entreprise où les ateliers sont impressionnants : ils fabriquent des engrennages de plusieurs mètres de diamètre au micron près. Ils y arrivent grâce à la présence d’un bureau d’études de haut niveau et d’ateliers de production de très hautre qualité. La communication permanente entre ces deux composantes de l’entreprise est nécessaire à sa réussite. Le télétravail est possible pour le bureau d’études. Il est impossible pour les ateliers de production. Le développement du télétravail chez CMD Gears intègre cette donnée.

Actuellement, le protocole prévoit deux jours de télétravail par semaine, pour les salariés qui sont éligibles.
Pour certaines fonctions, telle que la recherche en cours de projet, le télétravail apporte calme, recul et bien-être. En comparaison, par exemple, de l’open space où tout le monde se côtoie. Cependant, le télétravail peut générer un isolement, néfaste tant pour le salarié que l’équipe. Pour moi, en raison de risque d’isolement, il ne faut pas de télétravail à 100 %. Car il y a, alors, un risque trop fort de déconnexion à l’entreprise. Le salarié à 100 % en télétravail devient anonyme, voire inexistant, pour l’équipe et le reste de l’entreprise. Il faut trouver le bon équilible, pour préserver l’esprit d’entreprise et la dynamique du collectif.

Dans toute entreprise, la question de la qualité des échanges entre collègues de travail est essentielle. Les réunions en visio ont leurs limites : on ne voit que le visage de celui qui parle, en perdant de vue les réactions non verbales des autres participants. Sur ce point aussi, il faut trouver le bon équilibre et préserver des réunions en présentiel.

Personnellement, sur un plan médical, mon rôle est de m’adapter à chacun. Sur des cas particuliers, il m’est déjà arrivée de préconiser une augmentation de temps en télétravail. Sur d’autres cas particuliers, une réduction. Tout dépend de la situation personnelle, dans le respect du secret médical.

En résumé, pour certains métiers, le télétravail est un " plus ". Ne serait-ce qu’en supprimant les temps de trajet, parfois longs et fatiguants. Le télétravail n’est pas généralisable, compte tenu des contraintes de certains postes, notamment en production. Compte tenu de la nécessité de préserver la cohésion des équipes et l’esprit d’entreprise, le télétravail ne peut être développé à temps plein. »

CMD Gears
Cambrai
300 collaborateurs Fourchambault
80 collaborateurs
Sophie Chartier, directrice des ressources humaines

AISMT - PRÉVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL DU CAMBRÉSIS

(Publié dans le N°64 : L'après Covid-19: retour au travail, où en est-on ?) le 13/10/2023

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