Témoignages

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Conseil départemental de la Somme

PIONNIER EN 2014, PRET EN 2020 !

En 2013-2014, le Conseil départemental de la Somme a déployé le télétravail auprès de 30 agents volontaires. 

L’ASMIS, service de santé au travail de la Somme, a participé à une première évaluation de cette expérimentation[1], pour en mesurer les impacts sur la santé et les organisations. En mai 2019, l’ASMIS a participé à une deuxième évaluation, portant sur 175 agents en télétravail.  Rien ne présageait alors des protocoles sanitaires qui ont entrainé « l’explosion » du télétravail en 2020.

Le Conseil départemental de la Somme emploie 2 500 agents, sur des missions très différentes[2]. Toutes les tâches ou tous les métiers ne sont pas « télé-travaillables ». En déployant dès 2013 le télétravail pour des agents volontaires, le Conseil départemental de la Somme a eu plus de facilités pour mettre en œuvre un Plan de continuité de l’activité, lors des confinements de 2020.

Les enjeux

Trois chiffres parlent d’eux-mêmes : 30 agents volontaires en télétravail en 2014, 113 en 2019 et… 800 télétravailleurs " obligés " en 2020 ! « Il y a le télétravail ante et post-confinement », nous situe d’emblée Hélène Vandendriessche, responsable des avantages sociaux et du télétravail, à la direction des ressources humaines du département de la Somme. « En 2019, avec 150 télétravailleurs, nous avions atteint 10 % de l’effectif télé-travaillable. Aujourd’hui, environ 800 collaborateurs sont en télétravail, un à deux jours par semaine, soit 50 % de l’effectif télé-travaillable. Premier constat :  les opinions évoluent. Beaucoup d’agents et de cadres qui étaient " réticents " en 2019, sont devenus " pour " en 2020. Deuxième constat : la difficulté n’est pas d’ordre technique. Troisième constat : le télétravail conduit à repenser l’organisation et les relations au sein des équipes. Une seule solution : co-construire en fonction des réalités de chaque équipe !  La confiance et la souplesse sont les deux piliers de la réussite ».

La réponse de l’ASMIS

Valérie Guérard est psychologue du travail à l’ASMIS : « Dans notre enquête anonyme de 2019 sur la santé physique et mentale, 95 télétravailleurs sur 113 ont répondu. 50 % déclare que leur état de santé globale s’est amélioré. 38 télémanagers sur 62 ont répondu. 5 % d’entre eux déclare une amélioration de leur état de santé globale. Ces données doivent être approfondies ». Médecin du travail à l’ASMIS, le Dr Agnès Chatelain assure, avec une équipe pluridisciplinaire, le suivi de santé au travail du Conseil départemental de la Somme: « Améliorer les conditions de travail et développer l’autonomie, être participatif constituent autant de leviers. Les a priori et les craintes, la nécessité de revoir et adapter l’organisation peuvent constituer des freins. Ceci concerne autant le télétravailleur que le télémanager. Cela passe par des formations au travail à distance. Par ailleurs, le télétravail peut faciliter le maintien en emploi des personnes vulnérables ».

CONSEIL DEPARTEMENTAL DE LA SOMME

2 500 agents

Hélène Vandendriessche, responsable des avantages sociaux et du télétravail

SANTE AU TRAVAIL DE LA SOMME (ASMIS)

[1] Voir Entreprise & Santé n° 28, 4° trimestre 2014.

[2] Action sociale (enfance, famille, personnes âgées, personnes handicapées, insertion), aménagement du territoire (routes, fleuves, canaux, appui aux collectivités, revitalisation des centres-bourgs), collèges, sports et loisirs, agriculture, tourisme, culture et patrimoine, sécurité civile et sanitaire.

(Publié dans le N°53 : Télémanagers, télémanagés: comment allez-vous?) le 22/01/2021

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UNE ENQUÊTE A UN MOMENT « T »

En 2019, dans sa mission de conseil, l’ASMIS a apporté son expertise pour mettre en place une enquête interne sur les impacts organisationnels du télétravail au sein du Conseil départemental de la Somme. En parallèle, l’ASMIS a conçu et mené, dans le strict respect de l’anonymat et de la confidentialité des données, une enquête sur les impacts du télétravail en matière de santé mentale et physique, en laissant une possibilité de réponse libre.  

Du côté des télétravailleurs

Psychologue du travail à l’ASMIS, Valérie Guérard résume : « Sur les 113 télétravailleurs concernés, 95 ont répondu.  50 % des répondants déclarent que leur état de santé globale s’est amélioré. Ils expliquent cela par une diminution de la fatigue, un meilleur sommeil tant en nombre d’heures qu’en qualité. Autre indication importante : le moral s’améliore pour 55 % des répondants, la confiance en l’avenir pour 55 %. Parmi les points faibles, les contraintes de transport de matériel sont citées pour 30 % des répondants, ainsi que les problèmes techniques, la détermination des objectifs et les modalités de contrôle ».

Du côté des télémanagers

Valérie Guérard poursuit : « Les données sont différentes pour les télé-managers. Sur les 62 télémanagers, 38 ont répondu. 5 % des répondants déclarent une amélioration de leur état de santé globale. Pour 3 % des répondants, la qualité de sommeil a diminué. Pour 40 % des répondants, le niveau de stress a diminué alors que la charge de travail a augmenté. Le fait que " les agents ne soient pas physiquement là " demande un effort d’adaptation du management. Compte tenu des faibles effectifs des répondants, ces données sont à prendre avec prudence ».

Les perspectives

Pour Valérie Guérard, « Les données recueillies demandent à être approfondies. Elles témoignent d’enseignements différents selon que l’on est télétravailleur ou télémanager. Ceci confirme les données de la littérature. Une « culture du télétravail » doit se renforcer au sein de l’entreprise concernée. Le Dr Agnès Chatelain conclut : « Dans la littérature scientifique et médicale, il est bien objectivé que le télétravail réduit le stress lié aux déplacements, permet une augmentation du sommeil de qualité, peut assurer un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Le télétravail peut augmenter la concentration et la productivité, en améliorant le sentiment du travail accompli. Il peut également améliorer la communication, en renforçant le management par projet. Devenu en 2020 un " outil sanitaire ", le regard porté sur le télétravail change... La porte vers un télétravail pérenne est ouverte ! Cela demande de revoir ou reconcevoir les organisations des télétravailleurs et des télémanagers. Un équilibre entre travail sur site et télétravail est à trouver au sein de chaque entreprise, voire chaque équipe. Cela passe par le dialogue social. »