Témoignages

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GAM Arras Montreuil

ESAT: s'adapter...pour continuer!

A Berck-sur-Mer, Etaples et Fruges, trois ESAT(Etablissement et service d’aide par le travail) accueillent au total près de 400 travailleurs handicapés. Ils sont gérés par la même association : le GAM (Groupement de coopération médico-social Arras Montreuil). Ils sont suivis par le même service de santé au travail : l’ASTIL (Association de santé au travail interentreprises du littoral).

Le GAM a été créé par les Associations de Parents d’Enfants Inadaptés (Apei) d’Arras et de Montreuil. Il gère 21 établissements et services médico-sociaux pour plus de 1 100 enfants et adultes en situation de handicap mental, sur les arrondissements d’Arras et de Montreuil. Quand le confinement a été décrété, les ESAT de Berck, Etaples et Fruges ont bénéficié des conseils et du suivi personnalisé de l’ASTIL. Médecin du travail à l’ASTIL, le Dr Elisabeth Ducarme les connaît bien : « Ces trois ESAT accueillent des travailleurs handicapés, atteints de pathologies mentales et psychiques, orientés par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) Chacune de ces personnes a besoin de son ESAT. En effet, son ESAT lui apporte des repères sociaux. Son ESAT la protège et surtout l’aide à développer son autonomie professionnelle et son inclusion sociale ».

Préserver la santé de nos salariés et de nos travailleurs handicapés

Laurent Mayeur est directeur de l’ESAT de Fruges : « Nous avons dû faire face au confinement imposé. Dès le 17 mars, le siège du GAM a mis en place une cellule de gestion de crise quotidienne qui se réunissait par visioconférence. Cela nous a aidé par rapport à la multitude de textes et d’informations qui étaient diffusés chaque jour. Nous devions anticiper et continuer à accompagner, à aider et à préserver la santé des travailleurs de l’ESAT à distance en leur téléphonant régulièrement ou en nous rendant à leur domicile, tout en préservant la sécurité de nos professionnels qui les encadrent. »

Pour David Delelo, directeur de l’ESAT de Berck : « Très vite, la question de l’élaboration d’un plan de reprise de l’activité (PRA) s’est posée. Nous disposions des directives sanitaires de l’Agence Régionale de Santé et la cellule de gestion de crise du siège nous a proposé un modèle de Pra que nous avons adapté à chaque ESAT. Et là, l’expertise du Dr Elisabeth Ducarme nous a été très précieuse. Et elle est venue sur place. C’était nécessaire ! »

Aborder la reprise d’activité sur site

Directeur de l’ESAT d’Etaples, Xavier Delporte abonde : « Il nous fallait répondre aux commandes urgentes… et penser très vite à la reprise d’activité. Certes, nous avons mis en place le télétravail. Mais il nous fallait ré-accueillir nos travailleurs handicapés ! Pour cela, avec l’ASTIL, nous avons adopté, une démarche par étapes, privilégiant le dialogue avec chaque salarié et chaque travailleur handicapé ». Pour le Dr Jérôme Péron, médecin du travail de l’ESAT de Fruges : « Chaque personne est un sujet, dont le vécu au travail est le point de départ de notre accompagnement en santé au travail. »

« Les ateliers du foïer », ESAT de Berck-sur-Mer

David Delelo, directeur

Conditionnement industriel (manuel, ensachage, agrafage sur carton, skin, thermoformage, soudure Haute Fréquence), aménagement et entretien d’espaces verts.

  • 28 professionnels encadrants tous services confondus
  • 105 travailleurs handicapés

 

 

« Les ateliers Maurice Dehay », ESAT d’Etaples

Xavier Delporte, directeur

Conditionnement manuel divers, thermoformage, façonnage d’imprimerie, conditionnement sous film et coque rigide (Skin-pack et Blister), prestations de service.

  • 33 professionnels encadrants tous services confondus
  • 125 travailleurs handicapés

 

 

« Les ateliers artésiens », ESAT de Fruges

Laurent Mayeur, directeur

Espaces verts, métallurgie, couture, conditionnement en milieu aseptisé, cartonnage, ateliers de produits alimentaires, de conditionnement divers, d’assemblage divers, d’assemblage de chaînes de convoyeur.

  • 40 professionnels encadrants tous services confondus
  • 150 travailleurs handicapés

 

(Publié dans le N°51 : Covid-19: la vie continue) le 03/07/2020

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Dans les trois ESAT, la mise sous confinement (imposée du jour au lendemain à partir du 18 mars au matin) pose une question cruciale : Comment ne pas perdre de vue les 400 travailleurs handicapés ? Tout en sachant que nombre d’entre eux souffrent de pathologies mentales et psychiques, qui doivent être suivies. Le travail en ESAT fait partie de leur « schéma thérapeutique ».

Le confinement

Cette période a demandé de revoir tout le fonctionnement et l’organisation. Laurent Mayeur, directeur de l’ESAT de Fruges, témoigne : « Nous avons redéployé le personnel de l’ESAT dans les foyers, qui concernent 60 % de nos travailleurs handicapés. Nous ne pouvions pas les perdre de vue. Certes le lien téléphonique existe. Mais nous avons organisé des visites au domicile, ne serait-ce que pour délivrer et expliquer les attestations de déplacement. Et assurer le suivi psychologique. » Par ailleurs, la visite sur site du médecin du travail de l’ASTIL, le Dr Elisabeth Ducarme, est unanimement appréciée : « Il nous fallait un avis médical spécialisé, avec un médecin du travail qui connaisse nos établissements », souligne Laurent Mayeur. Il est rejoint en cela par Xavier Delporte et David Delelo. « Ceci nous a permis de ré-accueillir en toute sécurité nos salariés avant nos travailleurs handicapés », précise Xavier Delporte. 

Le déconfinement

Laurent Mayeur résume : « Pour le 11 mai, nous avions notre Plan de reprise de l’activité : gestes barrières et distanciation, claustras, signalétiques compréhensibles en facile à lire et à comprendre (FALC), marquage, organisation des pauses, reprise progressive de l’activité, etc. Tout ceci passe par une information personnalisée auprès de chaque travailleur handicapé, qui doit s’approprier de nouveaux repères. Nous avons prévu une formation adaptée à chacun, avec vidéo et exercice de mise en situation. L’ASTIL nous a fourni d’utiles supports. » En fait, tout commence dès le minibus. « Nous avons dû revoir nos circuits, avec moins de passagers par bus. Un éducateur est allé dans les bus pour expliquer les distances et les gestes barrières », souligne Xavier Delporte. Tout s’est fait par étapes. « Nous avons procédé avec 25 % des effectifs pour la première semaine de reprise ; 25 % la semaine suivante ; et cela, sur plusieurs semaines. Pour nos salariés, le fait d’avoir été associés à l’élaboration du PRA et d’avoir bénéficié de l’expertise du Dr Elisabeth Ducarme, qui est venue sur place, est rassurant. C’est capital. », illustre David Delelo, directeur de l’ESAT de Berck.  Pour Laurent Mayeur, « L’avis de notre médecin du travail nous a été essentiel. Nous l’avons sollicité pour le protocole de déconfinement. Mais aussi pour l’accueil de nos travailleurs handicapés, pratiquement au cas par cas en fonction des pathologies, sans entraver le secret médical. » L’ASTIL a assuré le suivi de santé au travail, tant sur le plan collectif qu’individuel, des ESAT de Berck, Etaples et Fruges, comme pour l’ensemble de ses entreprises adhérentes. David Delelo retient deux enseignements : « La participation active des salariés et la réactivité de notre médecin du travail ! »

REPORTAGE: le Plan de reprise d'activité du GAM d'Arras-Montreuil