Eviter la désinsertion professionnelle

Alors que se profile l’inaptitude médicale au poste de travail, comment faire pour que le salarié puisse garder un emploi ? Tout se joue d’abord sur la qualité du dialogue entre le salarié et son employeur : le médecin du travail est le premier conseiller. Une collaboration entre de nombreux intervenants est ensuite nécessaire. A ce niveau, la cellule Prévention de la désinsertion professionnelle joue un rôle de premier plan. Reportage avec le CEDEST, sur la cellule de prévention de la désinsertion de Dunkerque.

Pour toute éventualité, l’accord du salarié est requis : aménagement de son poste de travail, essai encadré, mi temps thérapeutique, reclassement dans son entreprise, reconversion professionnelle, bilan de compétences, formation, demande d’invalidité, de Reconnaissance de Travailleurs Handicapé (RQTH), de prestation spécifique d’orientation professionnelle (PSOP), de reconnaissance de maladie professionnelle. Le but est de trouver la solution adaptée à la situation du salarié concerné. Pour cela, la cellule de prévention de la désinsertion professionnelle réunit une fois par mois tous les partenaires concernés : Centre pour le développement de la santé au travail de Dunkerque (CEDEST), Caisse primaire d’assurance maladie des Flandres (CPAM), Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (CARSAT), Service Médical Régional Assurance Maladie, Service d’aide au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés (Cap Emploi -SAMETH). Elle analyse les situations complexes. Les dossiers peuvent être signalés à la cellule de prévention de la désinsertion professionnelle par les médecins du travail, l’Assurance-Maladie, ou les conseillers en maintien dans l’emploi du Sameth. La rencontre mensuelle permet de faire des propositions concertées auprès des salariés concernés, pour gagner en efficacité et en raccourcir les délais d’instruction. Entre chaque réunion, une collaboration permanente est entretenue.

Dr Eric Dorp, médecin du travail, référent de la cellule Prévention de la désinsertion professionnelle, CEDEST (Centre pour le développement de la santé au travail)

« Le maintien dans l’emploi est l’une de nos missions, en tant que conseiller de l’employeur et du salarié. Nous devons apporter au salarié la meilleure possibilité pour son avenir professionnel. Souvent, il doit d’abord demander la reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapé (RQTH). Parfois, la situation est complexe. La cellule PDP est alors un lieu d’échanges incontournable qui permet de proposer la solution la plus adaptée. Chaque situation est un cas particulier. Il nous faut anticiper et trouver une solution avant la fin de l’arrêt de travail. Cette solution passe par un dialogue constructif entre les partenaires de la cellule PDP, ainsi que le salarié et l’employeur ».

Aurore Deschamps, infirmière de santé travail, référente cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle, CEDEST

« Ma mission est de suivre les dossiers des salariés avec les médecins du travail du CEDEST. Un lien avec le médecin du travail concerné est établi en faisant régulièrement la synthèse de tous les éléments utiles : situation en termes d’arrêt de travail, reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapé, reconnaissance de maladie professionnelle ou non, aptitude ou non à reprendre son poste de travail avec aménagements, reclassement en interne possible ou non, réorientation professionnelle. 15 à 25 dossiers sont suivis tous les mois. Le but est que le salarié ne se retrouve pas en fin d’indemnités journalières sans perspective professionnelle d’avenir ».

Sylvie Gillet, responsable du service social Flandres de la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de santé au travail)

« Nous intervenons à 2 titres. En assurant la gestion et la coordination de la cellule : chaque mois, la cellule étudie 15 à 20 situations, en sachant qu’un dossier peut passer plusieurs fois sur l’année. Et en apportant une expertise sur le champ professionnel et social. Il faut croiser les possibilités dans l’entreprise et le monde du travail avec les conditions de vie sociale et familiale. Nous rencontrons les salariés en arrêt de travail afin d’évaluer leur situation et de lever les freins au maintien dans l’emploi. Nous participons ainsi à l’évaluation globale de la situation, au sein d’un travail en réseau ».

Vincent Verbrugghe, conseiller maintien dans l’emploi, Cap Emploi Sameth Flandres Littoral (Service d’aide au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés)

« Interpellés par le médecin du travail, le salarié ou l’employeur, la Cellule PDP nous nous rendons dans l’entreprise pour étudier les possibilités de maintien dans l’emploi au sein de l’entreprise (aménagement de poste / reclassement) ou dans le groupe en tenant compte de l’avis du médecin du travail et des capacités du salarié. Nous mobilisons des aides financières de droit commun ou spécifiques. L’idéal est que notre intervention ait lieu le plus en amont possible. Elle ne se fait qu’avec l’accord de l’employeur, du salarié et du médecin du travail. La finalité est d’éviter le licenciement pour raisons médicales ».

Virginie Parpex, cadre technique, Service médical des Hauts-de-France, échelon des Flandres, Assurance Maladie

« Notre rôle principal est de détecter le plus précocement possible les risques de désinsertion professionnelle. Tous les droits ouverts doivent être utilisés durant la durée de l’arrêt de travail. Pour exemple, s’agissant des lombalgies ou des problématiques de rééducation, nous avons négocié des accords avec les Ecoles du dos, le Clair Séjour à Bailleul ou le service du Pr Thévenon au Centre Hospitalier Régional et Universitaire de Lille (CHRU) pour une prise en charge rapide des patients étudiés par la cellule de prévention de la désinsertion. Le cas échéant, les demandes de formation doivent être faites le plus rapidement possible ».

Catherine Culnart, référente à la cellule prévention de la désinsertion professionnelle du service risque professionnels, Caisse Primaire d’Assurance Maladie des Flandres

« Je représente la CPAM qui est chargée de verser les indemnités journalières durant le dispositif. J’informe la cellule de la faisabilité de la mise en place du dispositif au regard des droits médico-administratifs de l’assuré. Nos services assurent les notifications des décisions prises au sein de la cellule. Par ailleurs, le service Risques Professionnels est acteur de signalement à la cellule, au regard de la connaissance de la gravité des lésions subies par la victime. »

Dr Philippe Vandendriessche, médecin conseil, service médical des Hauts-de-France, échelon des Flandres, Assurance Maladie

« Les situations les plus simples sont traitées directement avec le salarié, son médecin du travail et son employeur. Les situations complexes sont étudiées par la cellule Prévention de la Désinsertion Professionnelle. Cette cellule constitue un lieu d’échanges dans le respect du secret médical. Dès lors que la pathologie n’est plus évolutive, l’arrêt de travail ne peut pas être prolongé. Il nous faut donc évaluer le plus tôt possible la difficulté du salarié à reprendre le travail. Les solutions adaptées à chaque salarié doivent être trouvées pendant l’arrêt de travail : mise en invalidité, bilan de compétences et formation, adaptation de poste ou reclassement dans l’entreprise ».

(Publié dans le N°44 : Ma santé, mon travail: où va-t-on?) le 18/10/2018